CANCERS MASCULINS : Prostate et vessie en ligne de mire

Ajouté le 29 mars 2023
CANCERS MASCULINS : Prostate et vessie en ligne de mire

 

PAR ÉVELYNE GOGIEN

Avec les années, le risque de développer un cancer de la prostate et, chez les fumeurs particulièrement, de la vessie, augmente. Messieurs, soyez particulièrement vigilants et consultez aux premiers signes !

Si ces dix dernières années les progrès thérapeutiques ont permis d’améliorer le taux de guérison des cancers, les chiffres pourraient être encore meilleurs si les Français se faisaient mieux suivre et dépister – les hommes surtout, notamment pour les cancers de la prostate et colorectal. Et plus encore s’ils avaient une perception plus juste des facteurs de risque. Les personnes minimisent en effet leur dangerosité – tabac compris – et n’ont pas connaissance de certaines informations pourtant importantes. Un exemple : ils font bien le lien entre cancer du poumon et cigarette mais ils ignorent souvent qu’elle est également la principale responsable du cancer de la vessie.

 

La prostate, une glande qui grossit

Cette glande, de la taille d’une prune ou d’une châtaigne, commence à faire parler d’elle à partir d’un certain âge. Située sous la vessie, en avant du rectum, elle entoure l’urètre, le canal qui sort de la vessie et permet d’évacuer l’urine. Un emplacement qui explique les troubles urinaires qu’elle entraîne en grossissant. La prostate participe à la fonction reproductrice. Le liquide qu’elle produit entre dans la composition du sperme afin d’en augmenter son volume et apporter des enzymes qui facilitent la pénétration des spermatozoïdes à travers le col utérin. Comme pour d’autres organes, on ne s’aperçoit de sa présence que quand cer tains symptômes apparaissent : besoins fréquents ou urgents d’uriner, jet d’urine faible, sensation de ne pas avoir complètement vidé sa vessie. Ces troubles peuvent être le signe d’un cancer de la prostate débutant ou d’autres problèmes, en particulier une hypertrophie bénigne de la prostate (HBP), ou adénome de la prostate, une tumeur bénigne mais gênante.

Après 40  ans, la prostate grossit progressivement et, à partir d’un certain volume, comprime l’urètre et gêne la vidange de la vessie.

À savoir : l’adénome de la prostate n’accroît pas le risque de cancer mais les deux maladies peuvent coexister sans qu’il y ait de lien. Méfiance, donc ! Une prostatite (inflammation ou infection de la prostate) peut aussi entraîner des troubles urinaires mais ceux-ci sont alors accompagnés d’une fièvre, de douleurs pelviennes et lombaires. Dans ce cas, un traitement antibiotique réglera le problème.

 

Prostate : un cancer fréquent

Il ne faut jamais minimiser les troubles urinaires et penser  qu’en vieillissant « c’est normal, c’est la prostate ». Bien qu’il y ait des formes agressives, le cancer de la prostate évolue souvent lentement et se traite de mieux en mieux, surtout s’il est détecté tôt. En France, en 2018, 50 400 nouveaux cas ont été diagnostiqués et 8 100 décès ont été recensés. La Haute Autorité de santé recommande donc un dépistage régulier par dosage sanguin du PSA (un antigène spécifique de la prostate) et un toucher rectal (chez un urologue ou un médecin généraliste) des hommes à partir de 50 ans, sauf s’ils ont une espérance de vie inférieure à dix ans en raison d’un âge avancé ou de comorbidités sévères. Et à partir de 40- 45 ans en cas d’antécédents familiaux (père, frère) et chez les Afro-Antillais car ils ont un gène prédisposant. Si le toucher rectal ou le taux de PSA est anormal, une IRM permettra de repérer une éventuelle lésion avant de faire une biopsie ciblée pour évaluer le cancer et initier un traitement adapté.

«C’est un gros progrès mais cette biopsie ciblée vient en complément de prélèvements systématiques réalisés sur l’ensemble de la prostate pour être sûr de ne passer à côté d’aucune lésion, précise le Dr Laurent Savareux, chirurgien urologue à Clermont-Ferrand. L’IRM et les biopsies ciblées sont réalisées de préférence par voie transpérinéale plutôt que par voie transrectale pour limiter le risque infectieux. Elles permettent de mieux catégoriser les tumeurs en distinguant celles qui sont localisées, à faible risque d’évolution et qui nécessitent seulement une surveillance active (PSA, examen, IRM) à intervalles réguliers, de celles qu’il faut traiter sans tarder. » En fonction des situations et le stade du cancer, par chirurgie, ultrasons focalisés de haute intensité, radiothérapie, curiethérapie, chimiothérapie, hormonothérapie, parfois en association.

 

Vessie : gare au sang dans les urines

Autre organe à surveiller de près quand on prend de l’âge : la vessie, et d’autant plus si l’on est fumeur ou que l’on a fumé longtemps. La vessie sert de réservoir à l’urine, produite par les reins, qui arrive de façon continue par les uretères. Les substances toxiques du tabac passent donc avec et restent en contact avec la muqueuse de la vessie tant que l’urine n’est pas évacuée. Peu à peu ce tissu est altéré, d’où les premiers signes : sang visible dans les urines, besoins fréquents et/ou urgents d’uriner, puis brûlures ou douleurs. À savoir : les saignements peuvent s’interrompre et rassurer, à tort, avant de reprendre. Il faut donc consulter dès la première apparition de sang pour ne pas perdre de temps. Certaines professions sont également plus à risque à cause du contact avec certains produits : goudron, huiles de rouille, amines aromatiques, etc.

 

Néovessie ou poche en cas de cancer

Différents examens permettent de visualiser une (parfois plusieurs) éventuelle tumeur, d’évaluer son étendue et de déterminer sa localisation, si elle a infiltré le muscle de la vessie ou envahi les organes voisins (prostate, ganglions), ou métastasé : cystoscopie (exploration de la vessie) sous anesthésie locale en passant par l’urètre, et biopsie, PET-scan, IRM. Selon les résultats, l’âge et l’état de santé du patient, les équipes médicale et chirurgicale décident, en concertation avec le médecin traitant, du traitement à mettre en place. Si le cancer est limité à la muqueuse, la tumeur est enlevée et une instillation de mitomycine C (médicament de chimiothérapie) ou de BCG (médicament d’immunothérapie) peut être réalisée dans les heures qui suivent. Si le cancer est infiltrant mais sans métastases, la référence est l’ablation totale de la vessie et des ganglions proximaux, suivie de la reconstruction, à l’aide d’un bout d’intestin, d’une néovessie.

Autre solution : la création d’un conduit relié à une poche extérieure à vider régulièrement (stomie de Bricker). Selon les cas, une chimiothérapie ou une radiothérapie vient compléter la chirurgie, avant ou après. En cas de cancer métastasé, la chimiothérapie, de plus en plus efficace, et la radiothérapie, seules ou associées s’imposent. 

 

Des progrès IMPORTANTS

« La prostatectomie (ablation de la prostate), pratiquée de plus en plus par voie cœlioscopique (ne nécessitant que de petites incisions) et par robot, est d’une très grande précision et réduit nettement les répercus sions sur la fonction érectile. En chimiothérapie, les progrès importants accomplis ces dernières années concernent surtout les cancers métastatiques avec l’arrivée des hormonothérapies de dernière génération, beaucoup plus efficaces, et, pour les personnes résistantes à l’hormonothérapie et qui ont une anomalie génétique, le recours aux anti-PARP (poly(ADP-ribose) polymérase), une nouvelle famille de médicaments ciblés.»

 

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